Mettez un terme à la criminalisation de la protestation !

Photo: Trenton Oldfield au Salon « Refus d’accepter sa place », TRANSEUROPA festival 2010
Traduit par Audrey Ubertino
 
Le 19 octobre 2012, Trenton Oldfield a été condamné par le tribunal d’Isleworth Crown pour avoir manifesté lors de la course d’aviron entre Oxford et Cambridge. Il a été condamné à 6 mois de prison pour son action directe contre les coupes du gouvernement et la culture élitiste au Royaume-Uni. Cette déclaration, rédigée avec la collaboration de Defend The Right To Protest (Défendre le droit de protester), demande la fin de la criminalisation de la protestation.
 
Ayant collaboré avec Trenton et son « This is not a gateway » lors du festival Transeuropa, Alternatives européennes souhaite témoigner sa solidarité avec un collègue qui est toujours un partenaire extrêmement prévenant, altruiste et engagé.
 
Le 7 avril 2012, Trenton Oldfield a entrepris un acte de protestation direct lors de la course d’aviron entre Oxford et Cambridge. L’objectif de cette protestation était d’attirer l’attention sur les inégalités de longue date et parfaitement injustes de la société britannique, qui sont sérieusement exacerbées par les coupes du gouvernement et la réduction des libertés civiles. Trenton a choisi la course d’aviron entre Oxford et Cambridge car il s’agit  d’un symbole de classe, de privilège et d’élitisme en Grande-Bretagne.
 
Un pourcentage incroyable de 70% des membres du gouvernement actuel sont diplômés d’Oxford ou de Cambridge. Ce gouvernement protège les privilèges des riches tout en coupant les besoins essentiels de la majorité et des pauvres et en réduisant les droits et les libertés de la population. Durant les trois jours précédant la protestation de Trenton, le gouvernement de coalition (1) a reçu la sanction royale pour son projet de loi sur la privatisation du NHS, (2) a introduit le projet de loi sur les données de communication afin de légaliser la surveillance de toutes les communications numériques des citoyens britanniques et (3) a appelé les habitants à « dénoncer leurs voisins » s’ils les soupçonnent de vouloir protester lors des Jeux olympiques 2012.
 
La protestation de Trenton avait pour but d’attirer l’attention sur ces injustices. Il a coupé la trajectoire de la course à la nage. La course a été interrompue et a repris 25 minutes plus tard. L’action a été vue par un public international mais n’a affecté que 18 rameurs et une poignée d’organisateurs sur un fleuve fermé, lors d’un long week-end. Cet acte de protestation direct était entièrement cohérent avec le travail de plus d’une décennie de Trenton à Londres, qui s’intéresse à la pauvreté et aux inégalités inutiles de cette ville. Le public de cet évènement gratuit a connu un léger retard de 25 minutes. Le reportage de la BBC a été diffusé au créneau programmé. Pas une seule plainte n’a été adressée à la police londonienne ni à la BBC par le public.
 
Trenton a d’abord été accusé d’infraction à la section 5 de la loi sur l’ordre public. Le rapport Hansard révèle que les ministres du gouvernement ont demandé au commissaire de police d’augmenter les charges afin d’obtenir une peine de prison. Le matin de sa première comparution (le 23 avril 2012), les charges contre Trenton ont été considérablement élevées à cause de l’accusation d’ « atteinte à l’ordre public » de l’ancien droit commun, sous laquelle la condamnation peut conduire à la prison à perpétuité. Le 26 septembre 2012, Trenton a été reconnu coupable d’atteinte à « l’ordre public » pour avoir entrepris sa protestation.
 
La récente condamnation et la peine de deux ans de prison du collectif rock féministe russe Pussy Riot pour avoir protesté a suscité, à juste titre, un choc et de la colère contre le manque de tolérance vis-à-vis des dissidents sous Poutine. Le même manque de tolérance vis-à-vis des dissidents semble survenir en Grande-Bretagne, alors que Trenton attend le verdict qui sera délivré le 19 octobre 2012.
 
Defend the Right to Protest prolonge notre solidarité envers Trenton et croit sincèrement qu’il ne devrait pas avoir à affronter des accusations criminelles pour avoir exercé son droit de protester. Nous nous inquiétons du changement des charges originales, apparemment causé par les pressions politiques et médiatiques. Pour nous, il est évident que cette protestation contre les inégalités et l’élitisme ne justifie pas une peine de prison, et encore moins de possibles années de prison. Defend the right to protest craint également que cette accusation soit retenue contre des manifestants à l’avenir. La seule motivation que nous pouvons trouver au CPS pour avoir opté pour cette législation obsolète, est qu’elle offre aux tribunaux la chance de rendre des sentences allant jusqu’à la perpétuité.
 
Après le verdict de mercredi, Trenton a déclaré :
 
« Alors que les inégalités augmentent en Grande-Bretagne et dans de nombreuses régions du monde, la criminalisation de la protestation augmente également ; je tiens à exprimer ma solidarité envers tous ceux qui, de partout, œuvrent pour des sociétés plus équitables. »

Nous demandons l’arrêt de la sanction totalement inappropriée contre Trenton et de la criminalisation de la protestation. Pour ajouter votre nom à la liste, veuillez envoyer un email à naik_d@hotmail.com ou rejoignez cette page Facebook.