Découvrez la nouvelle vidéo de Transeuropa!

Traduction : Alexis Gratpenche

Dans la vidéo transeuropéenne “Citoyens²: des voix pour une Europe diverse”, Alternatives Européennes (AE) donne la parole à des citoyens européens engagés dont les parents sont nés à l'étranger. Cette vidéo a été réalisée par des membres d'Alternatives Européennes d'Italie, de France, d'Allemagne et du Royaume Uni et a été présentée à l'occasion du festival Transeuropa 2012. Elle vient également d'être sélectionnée pour un festival de films en Équateur.

Séverine Lenglet (SL) est cinéaste indépendante et journaliste. Elle est aussi un membre actif d'Alternatives Européennes. Elle a formé les membres de l'équipe de cinéastes d'Alternatives Européennes et a conçu la vidéo. Elle nous donne ici un aperçu du projet et de la vidéo.

Alternatives Européennes : Comment est venue l’idée de réaliser ce film ?

Séverine Lenglet : L'idée vient d'un groupe local d'Alternatives Européennes en Italie qui est à l'origine du projet “Citoyens² : de nouvelles voix pour une Europe diverse”. Ce projet vise à impliquer les jeunes dans des débats et des actions transnationales sur le thème de la citoyenneté européenne, en prenant pour point de départ la situation des jeunes issus de minorités ethniques.  Le but de ce projet était de montrer l’apport de ces jeunes de “deuxième génération”, comme on a l'habitude de les appeler, à la construction d'une société européenne et à celle d’une identité qui reconnait sa propre diversité.

Des travaux de recherches et des études comparatives ont démontré que la situation des jeunes issus de minorités ethniques varient beaucoup d'un pays à l'autre. Les différents systèmes d'accès à la citoyenneté peuvent avoir un impact fort sur la vie de ces personnes. La plupart des pays européens, depuis les années 70 surtout, ont changé les critères de citoyenneté et en ont facilité l'accès pour les enfants de migrants. Mais il y a encore des pays – l'Italie par exemple – qui maintiennent des
critères basés sur le principe dit du “ius sanguinis”, selon lequel la citoyenneté est une affaire d'hérédité, et qui exclue ainsi les individus qui sont nés et ont grandi dans le pays en question mais qui ont des parents étrangers.

Dans ce contexte complexe et disparate, on trouve quand même des éléments qui sont communs à tous les jeunes de “deuxième génération”. Beaucoup d'études montrent que leurs chances dans la vie sont bien inférieures à celles des enfants de nationaux. Même lorsqu'ils acquièrent officiellement la nationalité du pays, ils sont souvent désavantagés face au système éducatif, ont plus de mal à accéder au marché du travail et font quotidiennement l'objet de discriminations à cause de leur origine ethnique.

Nous avons la conviction que la société européenne doit accepter de relever ce défi complexe, et doit comprendre qu’il s’agit d’une opportunité pour redéfinir collectivement l'identité européenne, en reconnaissant que grandir au carrefour de cultures différentes n'est pas un handicap mais une ressource. Les jeunes de deuxième génération, porteurs de différences, sont les pionniers d'une société réellement multiculturelle et deviennent les symboles d'une identité européenne qui doit admettre sa diversité.

AE : En quoi la réalisation de ce film a-t-elle été « inhabituelle » ? Qui y a participé et comment cela a-t-il fonctionné ?

SL : L'an dernier, Alternatives Européennes a mis sur pied une équipe transeuropéenne pour réaliser des courts métrages En tant que cinéaste professionnelle, j'étais chargée de former des jeunes de huit pays européens différents pour leur apprendre à filmer, à se servir d'une caméra, à faire des interviews, à faire un court-métrage, un documentaire, etc.

Dans ce projet, les participants étaient de jeunes cinéastes originaires d'Italie, du Royaume Uni, de France et d'Allemagne. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Bologne en janvier 2012. Le premier jour, nous avons travaillé sur la technique puis, le deuxième jour, nous avons échangé au sujet de l'idée de départ, du scénario, du message que nous voulions faire passer, des questions des interviews. Après ce week-end, les participants sont rentrés chez eux et se sont mis à la recherche de jeunes issus de minorités ethniques qui pouvaient avoir envie de nous raconter leur histoire. Nous avons rassemblé les histoires, nous les avons filmées, puis nous sommes retrouvés sur Skype pour parler des interviews et de ce que nous avions filmé… Ensuite, nous nous sommes réunis fin mars pour discuter du montage final.
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AE : Sur quels critères avez-vous choisi les personnes à interviewer ?

SL : Comme le projet était centré sur cette fameuse “deuxième génération”, nous devions trouver des jeunes issus de minorités ethniques qui étaient nés ou avaient grandi dans un des quatre pays représentés dans le film… Etant donné que nous sommes des jeunes et que nous militons dans une association, nous avons choisi de rechercher des jeunes de moins de 30 ans, qui soient également militants dans des ONG ou engagés dans des projets politiques ou sociaux car nous voulions qu'ils nous disent ce que  signifiait pour eux l’implication dans la vie sociale.

AE : Comment pourriez-vous décrire ce film ?

SL : Ç???r, Farah Clémentine, Kaveh, Souad, Sanaà, Aboubakar et Leila sont des jeunes issus de minorités ethniques. Leurs parents ont quitté l'Iran, le Maroc, la Turquie, le Bénin, le Burkina Faso il y a quelques dizaines d'années, avec l'espoir de trouver une vie meilleure en France, en Grande Bretagne, en Italie ou en Allemagne. Aujourd'hui, ces jeunes nous racontent l'histoire de leur famille, leur enfance en tant qu'enfants de migrants, la discrimination. Ils nous expliquent ce qu'est pour eux l'Europe, l'identité. Ils nous parlent d'implication dans la vie sociale, de citoyenneté, de diversité culturelle.

AE : Quel avenir voyez-vous pour ce film ? (Sa diffusion dans des festivals ? Une stratégie de diffusion plus large ?)

SL : Nous avons projeté ce film à Paris et à Rome à l'occasion du festival Transeuropa 2012. Le public a bien réagi et semblait intéressé. Des groupes locaux d'Alternatives Européennes ont organisé des rencontres pour diffuser ce film et en débattre. Nous aimerions le présenter dans certains festivals. Pour l'instant, il est au programme du festival de théâtre et de court-métrages de Sudaka en Équateur.

Visionnez le film (sous-titré français, italien ou espagnol) sur la chaîne Youtube d'Alternatives Européennes !