Traduction : Adeline MonninAnna Lodeserto et Rosen Dimov, membres d’Alternatives Européennes, participent au premier atelier international de travail organisé par le réseau «
RE.CO.SOL. Rete dei Comuni Solidali (Réseau de solidarité des municipalités), Comuni della Terra per il Mondo – villes de la Terre pour le Monde », pour rassembler des jeunes issus de divers pays européens au centre de Riace, au sud de l’Italie, du 4 au 18 août 2012.
Lors des deux jours à venir, soit les 12 et 13 août, elles tiendront un atelier concernant les aspects actuels des méthodes de travail des médias, pour assurer une véritable inclusion et expression du pluralisme dans nos sociétés européennes modernes. Le portrait qu’ils dressent des minorités sera évalué, ainsi que celui des centres de détention pour les migrants, inclus dans le programme du camp Recosol. Lors de la seconde session, la vidéo «
Citizens²: Voices for a Diverse Europe », créée et produite par des membres d’Alternatives Européennes en Italie, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, sera dévoilée au public. Cette vidéo présente l’histoire de jeunes nés de parents migrants, mais qui ont grandi en Europe, et révèle quelle est leur contribution à la construction d’une société et d’une identité européennes, qui reconnaissent leur propre diversité.La vidéo est le fruit du projet «
CITIZENS2: NEW VOICES FOR A DIVERSE EUROPE » qui a pour but d’inclure les jeunes dans des actions et des discussions transnationales sur le sens que revêt la citoyenneté européenne, en commençant par la situation des jeunes issus de minorités ethniques. Cette vidéo sera d’abord diffusée à Paris et à Rome, à l’occasion du
Festival Transeuropa 2012, puis au
Festival de Sudaka, dans l’Équateur, consacré au théâtre et aux courts-métrages. Enfin, elle sera projetée aux participants et aux animateurs de l’atelier de travail de Recosol, à Riace. Ces personnes viennent de divers pays européens : Belgique, Finlande, Allemagne, Italie, Malte, Pologne et Roumanie.
Aux cours des dernières années, dans la zone ionienne de la province de Reggio de Calabre, aussi connue sous le nom de Locride, cinq petits villages (Caulonia, Stignano, Monasterace et Badolato, ainsi que Riace qui a été l’instigateur) sont devenus des modèles d’intégration réussie : les migrants arrivant par la mer sont accueillis chaleureusement et bénéficient d’un logement dans certains bâtiments inutilisés, au cœur du centre historique. Ces expériences se fondent sur une expérience de développement territorial par le biais du renouveau des économies rurales du sud de l’Italie ; économies qui avaient pratiquement disparu. Ainsi, la migration permet de faire revivre des villages ruraux qui sont se dépeuplés au cours des deux derniers siècles, et deviennent à nouveau des communautés vigoureuses. En partant de ce principe, les cinq villages italiens qui ont failli devenir des « villes fantômes » parce que leurs habitants émigraient vers les États-Unis, le nord de l’Italie ou dans d’autres pays européens, expérimentent désormais des stratégies et des politiques à long terme en ce qui concerne la migration. En effet, ils la considèrent comme un facteur positif permettant de faire avancer l’ensemble de la société, économiquement, socialement et culturellement.Ces modèles offrent une alternative concrète aux « mécanismes de réponse d’urgence flexibles » (par opposition aux premières expériences de migration et d’accueil dans cette zone), comme la réalité sordide des
Centres de détention européen et de la politique de «
renvoi » du gouvernement italien, qui repousse vers les côtes d’Afrique du Nord les bateaux migrants interceptés en haute mer. Aujourd’hui, l’Europe entière accorde un respect grandissant à ces municipalités qui sont reconnues par la société civile de l’UE, les médias et les institutions, pour avoir été courageusement à l’encontre de l’hostilité généralement exprimée envers les migrants, abordant le problème avec une vision à long terme. De plus, le maire de Riace,
Domenico Lucano, a inspiré d’autres conseillers municipaux et fonctionnaires locaux, qui travaillent désormais avec engagement aux niveaux institutionnels et socio-économiques, ne cessant de promouvoir une compréhension interculturelle.
Ces histoires sont aussi abordées par le court-métrage IL VOLO (« Le Vol ») produit en 2012 par Win Wenders, réalisateur allemand ; avec le soutien de la région de Calabre et de l’UNHCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) pour sa qualité de récit de première main, par le biais de la narration hors caméra de Wenders, sur l’immigration vue non pas comme une menace, mais en tant que ressource. Ce court-métrage sera projeté aux participants de l’atelier de travail, à Stignano (à 3 km au nord-ouest de Riace).
L’atelier de travail qui se tient actuellement à Riace présente une opportunité concrète de développer une expérience directement à partir du terrain, permettant de comprendre comment des villages en proie à de véritables difficultés ont réussi à devenir le « laboratoire » des meilleures méthodes d’intégration des migrants. Même si des groupes appartenant au crime organisé sont très actifs dans toute la zone de Locride, ces nouvelles méthodes et politiques ont été élaborées de façon créative afin de convenir aux récents changements culturels et structurels. Le fait est qu’en élevant une nouvelle génération de citoyens véritablement « globaux », elles constituent une réponse concrète à la nécessité croissante de politiques d’intégration et fourniront une structure socioculturelle durable et adaptée, également plus consistante et avec une société plus juste.