Pour une convention social européenne


Traduit par Alexis Gratpenche

Nous semblons à l'heure actuelle nous trouver à un moment de l'histoire qui pourrait s'avérer déterminant pour l'Europe, tant économiquement que politiquement. La crise économique qui, se propageant, entraîne de plus en plus d'états-membres à prendre des mesures d'austérité, les doutes qui entourent l'avenir de la monnaie unique et l'existence-même de l'Union européenne : tous ces événements nous indiquent que des actions décisives doivent être entreprises. Par qui ? Voilà la question qui nous brûle tous les lèvres.
 
Depuis des semaines, voire des mois, de multiples solutions sont envisagées pour refonder la gouvernance économique européenne : des euro-obligations à la régulation supranationale des déficits. Aujourd'hui plus que jamais, les membres de l'Union européenne se doivent en effet d'adopter une position commune. On s'étonnera donc de ne voir que deux types d'interlocuteurs autour de la table des négociations : les ministres des états-membres et les figures du secteur financier. Les ministres cherchent à préserver des intérêts nationaux peu clairs et s'affrontent dans des luttes de pouvoir. Ils se préoccupent ainsi d'avantage de préserver leur souveraineté et leurs avantages nationaux que de proposer des solutions qui s'adressent à l'ensemble des européens. Les représentants du secteur financier font oublier à tous les dépenses publiques considérables qui ont été nécessaires à la survie de leur secteur et affirment qu'il n'existe pas d'alternative au capitalisme financier : l'Europe devrait continuer à réduire les dépenses sociales et à déréguler le capital et le travail. Elle suivrait alors cyniquement le même itinéraire désastreux que celui des nations en voie de développement dans les années 80.
 
La chaise qui reste vide autour de cette table est celle des citoyens européens. Et aussi longtemps que les citoyens n'auront pas voix au chapitre concernant l'avenir de l'économie européenne, les réformes manqueront d'innovation et d'efficacité, elles ne représenteront pas l'expression citoyenne et, vraisemblablement, susciteront inégalités et injustices.
 
C'est la raison pour laquelle Alternatives Européennes a lancé une pétition pour que les institutions européennes et les états-membres reconnaissent qu'il est indispensable d'inclure les citoyens européens dans le nouveau processus de construction économique de l'Europe. Nous demandons que soit convoqué d'urgence un Congrès social européen sur l'avenir de l'économie de l'Europe qui rassemblerait les bénévoles, les syndicats, la sphère associative et des citoyens des quatre coins du continent afin de décider dans quelle voie nous souhaitons voir se diriger une Europe sortie de la crise. Ce congrès devra dessiner les contours d'une politique économique plus équitable et durable pour l'après-crise : une politique fondée sur les principes de démocratie, de solidarité et du bien commun.