Feb 27, 2013
Vers une Charte européennes des biens communs
Traduction par Aliénor Daumalin
En réaction à l’actuelle vague de privatisations, Alternatives Européennes s’associe à l’International University College et à son Institute for the Study of Political Economy and Law, ainsi qu’à la municipalité de Naples et à l’Institut international d’études et de recherches sur les biens communs, pour organiser un ensemble de forums et de rencontres à travers l’Europe et esquisser une Charte européenne des biens communs.
Des rencontres ont été organisées en mai et juin derniers à Zagreb, Cluj-Napoca, Sofia, Berlin, Londres, Paris et Rome dans le cadre du Festival Transeuropa. Nous avons tiré les conclusions de cette caravane transeuropéenne des biens communs lors du dernier forum transnational au Teatro Vallo à Rome les 2 et 3 juin, avant de considérer et d’annoncer les prochaines étapes de la Charte européenne des biens communs.
Pourquoi ?
La dichotomie entre État et propriété privée s’est révélée incapable de résister aux distorsions provoquées par plus d’une vingtaine d’années de domination néolibérale. Il en résulte un profond déséquilibre mondial en faveur du secteur privé, en particulier des entreprises, et au détriment des citoyens.
Une quantité considérable de ressources communes sont transférées du domaine public au privé à travers le monde, ce au mépris total des garanties constitutionnelles de l’intérêt public, de la régularité des procédures ou des mesures compensatoires. Nos démocraties sont de plus en plus menacées par les collusions entre états et acteurs des marchés ou par des représentants du gouvernement qui font passer les profits à court terme de quelques individus ou entreprises avant l’intérêt général.
De la Grèce à l’Espagne, de la Tunisie à l’Égypte, de l’Italie à la Bolivie, l’Équateur, l’Inde rurale ou la Chine, les citoyens prennent toujours plus conscience de la nécessité de changer de modèle de mondialisation. Ces militants mènent en ce moment des actions pour réclamer des biens communs dans le monde entier. Certains résistent à la privatisation des ressources (comme en Italie avec le référendum sur l’eau ou en Roumanie avec la tentative de privatisation des services de santé) tandis que d’autres occupent des espaces publics pour s’opposer au néolibéralisme (comme les Indignados espagnols ou les citoyens grecs). Par solidarité avec ces mouvements, nous lançons une campagne en faveur d’une Charte européenne des biens communs.
Que sont les biens communs ?
Notre démarche vis-à-vis des biens communs consiste à la fois à réclamer l’accès aux ressources essentielles et à garantir la procédure démocratique qui régit leur répartition. Les ressources essentielles à la vie humaine comprennent aussi bien les biens communs d’origine naturelle comme l’eau, la nourriture, l’énergie et l’atmosphère que les biens communs produits par l’homme comme la technologie, la santé, internet ou la culture. Réclamer ces biens communs suppose également une réorganisation du processus démocratique tel qu’il est aujourd’hui afin de proposer une alternative au modèle établi par les modèles étatique et marchand. Pour gérer les biens communs, il faudra que l’état centralisé et le marché libre cèdent le pouvoir aux communautés locales qui, pour satisfaire leurs besoins et ceux des générations futures sur le long terme, remettront le pouvoir entre les mains des membres de la communauté au moyen d’une démocratie montante, locale et directe.
Une esquisse de la Charte européenne des biens communs
Vous trouverez ici une esquisse de la Charte européenne des biens communs que vous êtes libres de commenter grâce à un logiciel participatif spécial. Nous avons l’intention de réactualiser cette Charte en prenant en compte toutes les contributions reçues.