Apr 24, 2014
La société n’est pas un ensemble homogène…
Traduit par Jessica Tsala
Si les politiciens veulent réussir à comprendre les conditions de vie de la population, il leur faudra descendre dans la rue, non pas pour prétendre, mais bien pour rencontrer M. et Mme Tout-le-monde.
En effet, les politiciens ont soit trop regardé “Mad Men“, soit ils pensent sincèrement, que la meilleure façon de gagner des voies consiste à croire que tout le monde veut posséder une petite citadine et résider à Swindon. M. et Mme Tout-le-monde n’existent pas et ne reflètent certainement pas la réalité sociale.
Nous avons observé comment, l’attitude des jeunes à l’égard de la politique et de l’Europe, est influencée par leur situation professionnelle.
Pour nos « citoyens invisibles », sans emploi et sans soutien de proches ou de leur famille. Ils se sentent accablés par leur situation professionnelle et donc exclus de la société, certains s’en veulent, alors que d’autres ont perdu espoir face au manque de compréhension que la société affiche à l’égard de leur situation.
Pour notre « génération zombie », qui travaillera toute la journée en continue et qui n’aura donc pas de temps à consacrer aux amis ou à la famille. Beaucoup ont peur à l’idée de faire quelque chose pour changer leur situation, mais certains ont trouvé un moyen de la surmonter, en choisissant de l’ignorer.
Avec tout ce surmenage, ils n’ont ni le temps, ni l’énergie à consacrer à d’autres activités, y compris la politique, ce qui leur vaut parfois d’être perçus comme apathiques. Ils ont l’impression que les politiciens ne comprennent pas leur situation et qu’ils sont indifférents à leur quotidien. Cela est dû au fait que les politiques se focalisent principalement sur le court terme, au lieu de s’intéresser aux questions systémiques auxquelles ils sont confrontés.
Nos « optimistes militants » auront un emploi stable, ils auront acheté leur propre maison et le plus souvent ils seront mariés. Ils parviennent à vivre selon les exigences qu’on leur a inculquées – telle qu’une carrière stable, une maison, une vie de couple et des enfants. En voyant la menace de la précarité se rapprocher, ils essayent de mettre de l’argent de côté, pour assurer leur stabilité et par chance éviter que celle-ci ne les rattrapent.
Leur niveau de satisfaction vis-à-vis de leur situation professionnelle a un impact sur d’autres aspects de leur vie – ils jouissent de ce que leur quartier, leur commune et les services publiques ont à leur offrir. Ils ont cependant l’impression que les politiciens n’en font pas assez. Ils ont conscience des problèmes sociaux et bien qu’ils sachent que l’Europe est tenue pour responsable dans beaucoup de domaines, ils reconnaissent qu’elle apporte un soutien à la jeunesse et c’est pourquoi ils pensent qu’elle doit rassembler autour d’une vision commune.
Les « Hacker de notre mode de vie » seront pour la plupart sans emploi ou connaitront une situation professionnelle précaire, mais certains auront lancé leur propre affaire ou projet. Pour s’en sortir, ils sont passés par différentes étapes, en commençant dans un premier temps par faire le point sur leur situation afin d’apporter des solutions, comme une forme de résistance, tout en se libérant des pressions imposées par le rythme de vie professionnel classique.
Pour eux, les autres générations ne comprennent pas leur situation. Ils essayent d’initier un maximum de changements positifs autour d’eux, en mettant sur pied des projets avec l’aide de leurs réseaux.
Bien qu’ils aient le sentiment que la façon actuelle de faire de la politique ne reflète pas leur réalité, car elle protège notamment les intérêts des lobbies influents, leur situation professionnelle les a politisés, au point de vouloir rallier d’autres personnes à leur cause.
« La vision, c’est l’art de voir ce qui est invisible pour les autres »
Nous savons désormais, que les institutions doivent trouver un moyen de mieux comprendre les expériences de vie des personnes qu’elles représentent. C’est pourquoi nous avons développé le projet Transeuropa Caravans pour mettre en lumière et amplifier les voix et les problèmes qui peinent à se faire entendre, ainsi que les groupes et les solutions habituellement ignorés.
Lors de leur voyage, nos caravanes traverserons différents milieux – du monde rural à la ville, en passant des « villes clones » aux villes fantômes, puis des stations balnéaires aux ghettos urbains– à la découverte des européens et de leur manière d’imaginer, de divulguer et de réclamer de nouveaux modes de vie.
En allant à la rencontre de groupes et à l’aide de méthodes créatives, nous allons parler de problèmes qui n’arrivent pas aux oreilles de la sphère publique, de groupes exclus du débat politique et de techniques pouvant stimuler les citoyens à s’engager sur des questions transnationales.
En mettant en relation ces initiatives via des méthodes en ligne et hors ligne, nous allons leur ouvrir une perspective transnationale pour qu’elle puisse passer à l’action et rentrer en contact avec d’autres projets.