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Vaincre le déficit démocratique

Ivan Botoucharov

Dessin : Dan PerjovschiArticle original publié le 22 mai sur

OneEurope

Si l’UE veut réduire l’immense fracture entre ses citoyens, elle aura besoin d’une approche proactive visant à les sensibiliser à leurs droits, leurs pouvoirs et les opportunités dont ils jouissent.

Cet événement était organisé à Londres dans le cadre d’une série de rassemblements citoyens intitulée Pacte citoyen, qui vise à trouver des solutions afin de réduire la fracture entre l’UE et ses citoyens, à l’initiative d’Alternatives Européennes, une organisation européenne impliquée dans la recherche de solutions transnationales à nos problèmes communs.Les conclusions des débats seront incluses dans un « Manifeste citoyen » qui sera présenté aux députés européens à un moment crucial pour eux : juste avant les élections européennes.

La société civile

A Londres, lors de cet événement, il y avait 8 tables de discussion consacrées chacune à une question visant à démocratiser l’Union européenne. J’ai eu le plaisir de modérer le stand sur « Mobiliser et unifier la société civile », un sujet qui me tient particulièrement à cœur et que je sais être capital pour la construction démocratique dans n’importe quelle société. De nombreux Européens, intelligents et enthousiastes, m’ont honoré de leur participation au débat. Voici nos conclusions :

GLOCAL – Penser global, agir local

La plupart des citoyens européens ne connaissent pas leur droits et leurs devoir et ne réalisent même pas à quel point leur vote est important.

Ces dernières années, le taux de participation aux élections régionales et nationales n’a eu de cesse de chuter, plus encore aux élections européennes (encore récemment, la première élection de députés européens en Croatie n’a atteint qu’un taux de participation de 20,75%, dans un pays qui venait de voter pour son entrée dans l’UE avec une large majorité).

En ce qui concerne l’UE, les citoyens européens ne comprennent même pas pourquoi ils votent, quels sont les pouvoirs des institutions bruxelloises et quelles décisions y sont prises.

Ceci est dû au manque de débat et de sensibilisation des citoyens à leurs droits, pouvoirs et devoirs. Par ailleurs, ce que les Européens veulent vraiment savoir, c’est en quoi les grandes politiques européennes les affecteront personnellement, eux, leur famille et leur communauté. Or, il y a très peu d’information à ce propos.

Il est possible de sensibiliser la société aux conséquences directes des politiques nationales et européennes sur leur vie quotidienne par un réseau de militants bien informés et enthousiastes dans chacune des régions.

Les campagnes politiques qui ont connu le plus de succès sont celles qui ont réussi à développer un réseau militant sur le terrain, pas celles dont l’organisation était centralisée. Ces militants font un travail de sensibilisation à l’impact et l’importance des grandes décisions politiques dans leur ville, département ou région.

Les Obama Mamas, un groupe de militantes locales qui expliquait clairement les promesses électorales et choix politiques d’Obama, d’une façon simple et du point de vue de leur communauté, ont connu un grand succès.

On apprend que ce groupe militant était déjà en place, il n’a pas été créé par l’équipe de campagne d’Obama mais il s’agit plutôt de structures existantes de la société civile, qui se sont tout simplement réunies pour agir à cette occasion.

Autre exemple : le Mouvement 15-M espagnol, plus connu sous le nom d’Indignados préféré par les médias, qui a politisé une grande partie de la société, dont des personnes de toute catégorie sociale et mode de vie. Et ce, sans avoir accès à aucun des principaux médias, sans même distribuer de tracts ou aller vers leurs concitoyens, mais en organisant tout simplement des conférences locales où ils pouvaient recevoir des informations.

Il existe déjà de nombreuses organisations de la société civile actives sur le terrain, partout en Europe et dans toutes les régions. Elles sont présentes au sein des communautés locales, ont des militants qui s’intéressent aux grandes lignes politiques de l’UE et comprennent aussi les enjeux locaux.

Ces organisations ont besoin de soutien et de ressources à la hauteur de leur enthousiasme afin d’en pérenniser les résultats.

Ce qui nous amène au point suivant :

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EDUCATION

Pour une politisation de la société, les citoyens doivent être informés et sensibilités à leurs droits et devoirs, du moins en quoi leur voix compte. Cela peut se faire par exemple par des conférences, des événements, des débats et par les réseaux sociaux.

Comme je le mentionne au paragraphe précédent, les initiatives ascendantes émanant du terrain ont l’avantage d’être ancrées au cœur des communautés locales et donc d’être à même de comprendre celles-ci au mieux. Du point de vue de l’UE, elles sont à même d’atteindre les citoyens dans toutes les régions, pas seulement les europhiles et le microcosme politique de Bruxelles.

L’UE n’est pas en mesure de gérer le militantisme, les débats et la sensibilisation dans toutes les régions, mais elle peut soutenir des organisations existantes qui le font.

Par exemple, l’Initiative Citoyenne Européenne est un projet intéressant de la Commission Européenne, dont la promotion n’a cependant été l’objet d’aucune subvention ; par conséquent, rares sont ceux qui en ont seulement entendu parler. Par conséquent, jusqu’ici les ICE n’ont récolté que peu de soutiens, essentiellement du « microcosme bruxellois », la communauté des personnes qui s’intéressent à la politique européenne.

Nous voici donc arrivés au point de comprendre qu’il est nécessaire de sensibiliser les citoyens européens à leurs droits et pouvoirs, que ce but sera atteint de façon optimale par l’information sur les conséquences des politiques européennes pour eux et leurs communautés, et que l’UE doit prendre davantage d’initiatives afin d’atteindre tous ses citoyens, dans toutes les régions et pas seulement à Bruxelles, et ce par des réseaux locaux.

Les organisations eux-mêmes doivent toutefois également devenir plus proactives. Il existe actuellement des milliers d’organisations « pro-européennes » qui font un travail assez similaire : écrire des articles, organiser des événements et des débats, tout en refusant généralement de collaborer entre elles en raison de certains privilèges.

UNITE

Pour unifier leur message et lui donner une plus grande portée, les différentes organisations de la société civile doivent collaborer. Même sans ce secteur sans but lucratif, dans lequel il ne saurait ni ne devrait y avoir de concurrence au sens du secteur des entreprises à but lucratif, il est inévitable qu’il y ait des privilèges, des rivalités pour l’accès à des fonds et d’autres surprenantes notions de concurrence.

L’unité est difficile à atteindre, mais voici ce qui peut être fait pour une meilleure collaboration :

Elaborer un projet commun,une campagne collective rassemblant de nombreux individus, initiatives et organisations qui conservent cependant toute leur indépendance.

Garder l’esprit ouvertet se souvenir que nous travaillons tous bénévolement pour un idéal, avec la même vision. La concurrence, ou même tout simplement le manque de collaboration, sont contre-productifs. Ceci est particulièrement vrai pour les organisations qui travaillent pour unifier davantage l’Europe tout en ne souhaitait eux-mêmes pas s’unifier !

L’UE peut elle aussi contribuer à l’unité par des initiatives, des campagnes et l’octroi de subventions de façon à favoriser la collaboration entre un large réseau d’organisations.

Conclusion

Les citoyens européens se sentent plus que jamais éloignés de l’UE. Ils ne comprennent pas en quoi elle les concerne ni comment ils peuvent l’influencer. Si l’UE veut vaincre cette fracture et le déficit démocratique qui en découle, elle doit apprendre de l’expérience d’autres institutions et campagnes politiques et développer un réseau local de militant, lesquels ne devront pas être des partisans de l’UE, mais tout simplement en donner une idée juste et réaliste.

Elle doit également . Elle a besoin de développer des relations et de soutenir les organisations de la société civile sur le terrain. Peut-être par-dessus tout, elle doit encourager ces organisations à développer des réseaux et à travailler en partenariat.

Cet article a été écrit dans le cadre du projet Transnational Democracy Network financé par l’agence Jeunesse en Action du British Council.