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Solidarité avec les révoltes en Turquie

Traduit par Audrey Ubertino


Image : http://imgur.com/a/gKAsu, sous licence commune créative

 
Les évènements de la première semaine de juin à Istanbul, Ankara et d’autres ville de Turquie, où des milliers de personnes ont manifesté contre un gouvernement autoritaire et se sont heurtés à une violence disproportionnée de la part de la police, poursuivent un mouvement de démocratisation qui est évident dans toute l’Europe et la Méditerranée, et ont sollicité la solidarité transnationale des militants dans cet espace. Alternatives européennes se joint à ce mouvement.
 
Le déclencheur de ces manifestations – la tentative de démolir le parc Gezi à Istanbul afin de construire un nouveau centre commercial – est une situation familière pour les peuples de toute l’Europe où les biens communs sont privatisés et vendus. Qu’il s’agisse de la vente du système ferroviaire, de la privatisation de l’eau, de la tentative de privatiser les services électriques, de la vente du patrimoine naturel pour l’extraction minière ou le forage, de la vente des espaces culturels, de la fermeture des bibliothèques ou la destruction des espaces verts urbains pour des profits privés, la collusion entre les entreprises privées et le gouvernement afin d’affaiblir les biens communs a été renforcée ces dernières années, soit en utilisant l’excuse  de « l’austérité » ou en affirmant que c’est dans l’intérêt du « développement national. » Du nord de l’Angleterre au sud de l’Italie, de Lisbonne à Athènes et Istanbul, cette tentative de privatisation massive doit maintenant faire face à la résistance des citoyens.
 
La combinaison de politiques économiques néolibérales et d’un gouvernement « islamiste » est également de plus en plus familière aux peuples au sud de la Méditerranée. Les Frères musulmans en Egypte se sont inspirés (et ont probablement inspiré) le parti AKP d’Erdogan en Turquie. D’une part, il y a une tentative « d’islamiser » la société à travers des interdictions de boire, une augmentation des dépenses pour les mosquées, l’étouffement de la créativité et de l’opposition et la tentative de soumettre les femmes à une existence de seconde classe.  D’autre part, les gouvernements font la promotion de la privatisation, de l’affaiblissement des normes fondamentales du travail et de toute tentative de négociations collectives.
 
La combinaison de politiques économiques néolibérales et de tentatives de déséculariser le gouvernement n’est pas non plus inconnue à l’Europe : les courants conservateurs des Eglises catholiques et protestantes dans plusieurs pays européens se sont alliés à un programme économique néolibéral sur plusieurs questions, de la résistance des LGBT émancipateurs et des droits des femmes à la privatisation de l’éducation.
 
La réponse disproportionnée de la police aux manifestations pacifiques, basée sur l’utilisation massive de gaz lacrymogènes puissants et de canons à eau ainsi que de matraques et de passages à tabac, qui ont entraîné l’aveuglement de plusieurs personnes et, selon certaines sources, la mort de plusieurs manifestants, rappelle les tactiques ratées de Ben Ali et Moubarak (qui sont maintenant réutilisées par Morsi en Egypte), mais également, quoiqu’à une échelle moindre et moins meurtrière, les réactions des gouvernements en Europe. Le régime d’Erdogan croit qu’il peut augmenter le nombre de ses partisans conservateurs en invoquant la menace à l’encontre de la stabilité de la part des manifestants « radicalisés ». Une fois encore, en utilisant des tactiques connues de Londres, Francfort, Le Caire ou Athènes, la brutalité policière est utilisée comme un outil pour tenter de faire passer les manifestants pacifiques pour une menace à l’encontre de la sécurité.
 
Ce mépris cynique pour le droit de manifester, la liberté de réunion et d’association et, de manière générale, le droit de ne pas être d’accord dans une démocratie est scandaleusement familier et ne provoquera que plus d’indignation et une mobilisation citoyenne, comme cela s’est d’ailleurs produit dans le développement de la petite manifestation pour protéger le parc Gezi à Istanbul aux milliers de personnes dans toute la Turquie. Les manifestations en Turquie ont rassemblé des personnes d’opinions politiques et de milieux différents, qui se sentent tous non représentés et insultés par le gouvernement actuel.
 
Les manifestations en cours en Turquie n’ont presque pas bénéficié de couverture médiatique dans les médias turcs. Il est plus évident qu’auparavant que les médias turcs sont sous le contrôle du gouvernement, et la Turquie est le pays ayant le nombre le plus élevé de journalistes en prison. Les citoyens turcs se sont également soulevés contre l’impossibilité de s’exprimer et d’avoir des discussions démocratiques. Les réseaux sociaux leur ont permis de trouver des moyens d’expression transnationaux, et les actes de solidarité sur Internet ont massivement répandu l’information.
 
Les citoyens de toute l’Europe et de Méditerranée savent que les médias dans la région et la liberté d’expression sont menacés, à des degrés différents, et, une nouvelle fois, cela a motivé leurs actes de solidarité envers les Turcs ce week-end.

Ces actes de solidarité transnationale sur les réseaux sociaux et sur les places des villes en Europe et Méditerranée, montrent la nature commune des problèmes dans cet espace et l’émergence d’une subjectivité politique croissante pour s’adresser à eux. Nous craignons que les gouvernements en Turquie et ailleurs réagissent à cette émergence avec une panique croissante et de la violence, mais nous sommes sûrs que la force de ce réseau de personnes résistera.