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Qu’est-ce qu’un crime contre l’environnement ?

Par Cecilia Anesi et Giulio Rubino
Traduction par Aliénor Daumalin

 
Le concept de « crime contre l’environnement » englobe tout un ensemble d’infractions pénales, allant de l’abandon au trafic de déchets, en passant par le trafic d’animaux et l’exploitation non règlementée des forêts. Toutes ces infractions sont rangées sous la même étiquette et, même si la gravité du crime varie, il arrive trop souvent qu’aucune différence ne soit faite entre ces comportements délictuels.
 
L’abandon de déchets est sans aucun doute une mauvaise habitude et le trafic d’animaux est un commerce déplorable, mais comparés aux dégâts terribles et aux profits financiers considérables occasionnés par des pratiques telles que le trafic de déchets ou, de façon plus générale, par l’échec des gouvernements à imposer des accords de protection aux industries dans le monde, il faut de toute évidence faire certaines distinctions.
 
Le trafic de déchets, en particulier, est devenu au cours des vingt dernières années une des activités les plus lucratives pour les organisations criminelles. En Italie, le trafic de déchets a remplacé le trafic de drogue en devenant la première source de revenu pour la Mafia. Après avoir pris le contrôle des compagnies de transport et des territoires, la Mafia est parvenue à proposer aux entreprises dans le besoin une façon peu coûteuse de se débarrasser de leurs déchets. D’après Legambiente, l’une des plus importantes organisations environnementales en Italie, le bénéfice de la Mafia s’élèverait à 20 milliards d’euros par an.
 
En plus d’être nocif pour l’environnement et la santé publique, le trafic de déchets représente un réel danger pour notre système économique.
 
Les conséquences de ce phénomène sont multiples : perte de compétitivité pour les entreprises respectueuses de la loi qui paient le prix réel pour l’enlèvement de leurs déchets ; augmentation des dépenses de santé publique ; détérioration irréversible de ressources précieuses et infiltration accrue de la Mafia dans le marché légal et dans toutes les couches de la société. Plus les entreprises font appel aux services des Mafias – le problème de la responsabilité sociale des entreprises devrait d’ailleurs être étudié – plus les Mafias se renforcent et s’enracinent dans la société. De fait, ils ont dû changer radicalement leur image, laissant de côté le vieux stéréotype « chapeau et fusil », pour devenir des criminels en col blanc, des hommes d’affaire fiables, de riches entrepreneurs. Ce sont en fait les seuls apporteurs d’affaires pourvus de liquidités, surtout en ces temps de crise financière.
 
Ainsi, les écarts financiers deviennent un aspect qu’il faut absolument garder à l’esprit lorsque nous comparons les différents crimes contre l’environnement. Ce n’est pas le montant du profit en lui-même qui importe mais plutôt l’information que nous pouvons tirer de l’aspect financier du crime. Plus le bénéfice est important, plus l’activité et le crime le sont et, par conséquent, plus graves sont les dégâts causés à l’environnement.
 
Cela nous mène à une autre réflexion capitale : tandis que nous, en tant que société, n’avons pas besoin du trafic d’animaux, notre système de production, lui, semble avoir besoin du trafic de déchets, au moins en termes de compétitivité. Alors qu’un travail efficace des forces de polices pourrait mettre fin au premier délit, il serait nécessaire de repenser en grande partie notre système économique si nous voulions enrayer le second.
 
Il existe pourtant une particularité qui lie peut-être toutes ces formes de crimes contre l’environnement : ils sont associés à un genre de criminalité qui est rarement dénoncé. Lorsque nous l’avons interviewé pour le documentaire « Toxic Europe », Frans Geysels, chef du service environnement de la police fédérale belge et responsable du projet Augias pour Interpol, l’a expliqué ainsi : « C’est un type de crime que nous, la police, devons rechercher. Si nous n’avons pas la volonté de le faire, nous ne le trouverons pas. »
 
En général, le gravité de ce genre de crimes est sous-estimée et souvent, leurs effets ne sont visibles que des années plus tard. C’est donc chose facile pour les organisations criminelles ou les entreprises de polluer l’environnement sans que nous nous en apercevions.  De fait, des entreprises européennes et nord-américaines s’arrangent avec les usines des pays en développement pour produire des biens au mépris de l’environnement et ce, sans risque pour elles puisqu’aucun pays du tiers-monde n’a de législation adéquate en matière d’environnement. La Biélorussie illustre bien cette situation puisque le pays a récemment ouvert une nouvelle zone de développement industriel où les entreprises étrangères peuvent s’installer et produire sans la moindre limite ou surveillance de la pollution locale. Il va sans dire que les entreprises économisent beaucoup d’argent grâce à cette pratique déplorable mais, malheureusement, légale.
 
Il faut donc concevoir une autre stratégie pour empêcher les crimes contre l’environnement, puisque ce qui se passe d’un côté de la planète finira par se répercuter de l’autre côté. Le système criminel mondial qui se livre à des crimes contre l’environnement est composé à la fois du monde financier et des Mafias. Plus que jamais, la société civile doit unir ses forces pour s’y opposer à l’échelle mondiale.
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