Cookies on this website

We use cookies to make our website work properly. We'd also like your consent to use analytics cookies to collect anonymous data such as the number of visitors to the site and most popular pages.

I'm OK with analytics cookies

Don't use analytics cookies

Home / Resources / News / « Last night a DJ made my life »

« Last night a DJ made my life »

Notre projet Making a Living (Gagner sa vie) s'intéresse aux jeunes qui cherchent à gagner leur vie à-travers l'Europe. Dans ce cadre, nous vous encourageons à interviewer vos amis, familles et d'autres jeunes de votre entourage. Ces interviews alimenteront notre recherche et nous aideront à établir des schémas du rapport des jeunes au travail, pour le festival.

Maxime Hofman s'est rendu dans les rues d'Amsterdam, où il a rencontré une jeune fille diplômée d'Université qui est devenue DJ. Voici son interview. Bienvenue dans la génération Lifestyle Hacker.
 
Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ?
 
J'ai 26 ans, j'habite à Amsterdam depuis 9 ans et j'ai une licence de Langue et Culture Espagnole. Maintenant, je fais complètement autre chose : je travaille dans une agence de location, les gens viennent me voir pour louer les services d'un DJ. A côté, je fais aussi du son moi-même avec mon groupe. Nous avons beaucoup de succès, nous sommes pris tous les week-ends.
 
Il y a deux ans, avec mes amis, nous avons juste décidé de nous y mettre. Tout le monde a toujours de ces idées : commencer un groupe ou un blog vidéo de cuisine, mais si tu n'as pas envie que ça reste « juste une idée » tu dois aller de l'avant. C'est ce qu'on a fait.
 
Comment avez-vous fait ce pas ?
 
De réaliser ce rêve ? Tout à coup, tout est allé très vite à cause de facteurs externes. Nous étions un groupe de 10 filles, dont certaines travaillaient pour des magazines connus et des agences de relations publiques, ce qui fait que toutes ensemble, nous disposions d'un très large réseau. Tout le monde a trouvé notre concept super intéressant parce que rien de tel n'existait déjà.
 
Au début, nous n'avions pas de compétences particulières mais les 10 filles habillées sexy sur scène suffisaient à attirer un public nombreux. Et puis nous étions très présentes, tout le temps en train de danser sur scène. Après que nous ayons décidé d'aller de l'avant, nous étions sur scène toutes les deux semaines. Nous ne parvenions pas à faire tout le son, mais les fêtes étaient géniales.
 
A partir de là, nous avons vraiment appris à faire du son, en nous entraînant et nous produisant souvent. C'est ce qui a fait aussi que les autres DJ nous respectent plus. En fait, quand tu débutes, ils te voient comme si tu piquais leur public, c'est aussi comme ça que moi je vois les autres nouveaux DJ maintenant.
 
Des fois je pense que ce n'est qu'une bande de djeuns qui nous piquent notre public. Je comprends tout à fait pourquoi les anciens pensaient ça de nous avant. Mais maintenant, nous sommes reconnus pour nos choix musicaux et ils nous trouvent bien cools. Maintenant on connaît notre boulot et on fait du bon son.
 
Êtes-vous satisfaite du résultat de votre projet ?
 
Très satisfaite. La seule raison pour laquelle je suis toujours à Amsterdam et pas au Mexique, c'est mon groupe. Les mecs savent toujours qu'ils viennent ensuite. Je suis très heureuse et comme nous nous voyons tellement souvent, nous sommes toutes devenues de très bonnes amies.
 
Pourquoi avoir décidé de travailler aussi dans une agence de location ?
 
En tant que DJ, nous ne gagnons pas énormément d'argent et nous devons le partager entre nous 4. En fait, c'est plus de l'argent de poche. Avant, je travaillais dans les bars. J'ai validé ma licence en 2010 et nous avons commencé le groupe en 2011. Après la licence, j'ai fait le tour du monde et à mon retour, nous avons commencé le groupe et je travaillais dans les bars. En attendant, je faisais des stages parce que je savais qu'il fallait que je fasse plus que ce que je faisais déjà.
 
Des stages dans votre domaine d'études ?
 
Non pas du tout, parce que je savais déjà pendant ma dernière année d'études que je n'avais pas envie de travailler dans ce domaine. Je suis très heureuse d'avoir appris l'espagnol, mais j'ai terminé ma licence seulement pour ne pas m'endetter, parce que lorsque vous validez votre diplôme, le gouvernement transforme votre prêt étudiant en don.
 
Après ma licence, j'ai fait un stage pour un festival de musique, en marketing, parce que je savais que je voulais travailler dans le monde de la musique. J'ai beaucoup appris et j'ai surtout tissé de nombreux contacts dans ce domaine, par exemple le directeur du festival qui m'a aidé par la suite à davantage m'intégrer.
 
Après le stage, j'ai de nouveau travaillé dans un bar tout en cherchant un travail dans la musique, mais ça ne marchait pas. J'étais souvent près de réussir, mais chaque fois je passais juste à côté.
 
Maintenant ça me réjouit parce que je me rends compte qu'un poste de marketing n'aurait pas été pour moi. Finalement, mon ex-patron m'a arrangé un stage pour un autre festival. Je travaillais en relation avec les artistes et suis entrée en contact avec les chargés de location. Je trouvais ça beaucoup plus sympa que le marketing. Tout de suite après le stage, j'ai été embauchée par l'agence de location pour laquelle je travaille maintenant.
 
Donc vous avez choisi de ne pas travailler dans votre domaine d'études parce que vous vouliez faire quelque chose qui vous plaît plutôt que quelque chose pourquoi vous étiez qualifiée.
 
Exactement. J'ai terminé l'université pour me prouver à moi-même que j'en étais capable. Je ne travaillais presque pas à la fac. J'ai profité du divorce de mes parents pour changer d'école, pour une école moins cotée. J'ai fait des études surtout pour montrer que je pouvais achever un cursus universitaire, mais je n'ai pas beaucoup apprécié.
 
Avec le recul, je me rends compte que je n'ai pas tellement appris. Je ne me souviens même pas de ce que j'ai appris, à part de la langue espagnole, mais ça, c'est parce que j'ai passé six mois au Mexique, pas parce que j'ai fait des études d'espagnol à Amsterdam. Ça n'a vraiment pas de sens, j'ai bien vite su que ce n'était pas ce que je voulais faire.
 
Que signifie le travail pour vous ?
 
Le travail, ce n'est pas que pour gagner de l'argent : je touche le salaire minimum, mais je fais quelque chose que j'adore. Je me réjouis de me lever chaque matin pour aller au travail. Maintenant je gagne plus, mais ça implique aussi des restrictions.
 
Quand je travaillais dans un bar, j'étais libre de gérer mon emploi du temps comme je voulais. Mais j'aime tellement ce que je fais que je ne me sens pas limitée. J'aime aller au travail et du coup, j'ai plus d'argent. Je peux même partir en voyage quand j'ai accumulé assez de congés. Mon travail me donne la liberté de faire ce que j'aime.
 
Comment avez-vous vécu émotionnellement la transition entre la licence d'espagnol, le travail juste pour gagner votre vie et un travail que vous aimez ?
 
En fait, j'ai toujours bien aimé travailler dans les bars, jusqu'à ce que les gens de mon entourage commencent de vrais emplois. Je connais des gens de 40 ans qui travaillent toujours dans les bars et je ne voulais pas que ça m'arrive. C'était le moment de faire quelque chose de mes compétences. Je me sentais poussée à faire quelque chose et après une année d'échec c'était particulièrement frustrant, ça te fait vraiment douter de toi-même.
 
Il y a tellement de compétition, surtout dans le domaine dans lequel j'avais envie de travailler. Tout ce qu'il fallait, c'était avoir de la chance, mais ça c'était difficile. Mais en regardant en arrière, je me rends compte que c'est vraiment mieux comme ça. Maintenant, je suis là où j'ai envie d'être.
 
Pendant cette période, avez-vous reçu le soutien, par exemple, de vos amis, votre famille, votre organisme ou d'autres organisations ?
 
Non pas du tout. Je faisais attention à vivre simplement et je touchais des subventions du gouvernement pour le loyer et la santé. C'est comme ça que j'ai fait quelques économies et que j'ai pu me payer un tour du monde. Je faisais tout simplement attention à dépenser très peu. Je ne suis pas très attachée aux choses matérielles, j'achète beaucoup de vêtements d'occasion.
 
Ça m'arrive de parler avec des amis qui dépensent des centaines de dollars en habits. Je ne comprends pas pourquoi ils ne vont pas faire quelque chose qui leur plaît plutôt que d'acheter quelque chose qui rétrécit au lavage.
 
Votre réseau vous a-t-il aidé à en arriver là ?
 
Bien sûr. En fait, c'est tout grâce à mon ex-patron, il m'a recommandée et c'était une très bonne référence. Comme il était directeur d'un festival connu, il a sa propre agence et il a travaillé avec une agence de location également connue.
 
Il est comme une araignée sur sa toile et tout le monde l'apprécie beaucoup. Il faut du très bon travail, alors quand il dit du bien de toi ça aide. Je lui en suis profondément reconnaissante. Dans le milieu de la musique, on a toujours besoin de recommandations, quand on ne connaît personne on n'arrive à rien. De manière générale, c'est plus difficile de trouver du travail en ce moment, à cause de la crise.
 
Vous avez fait preuve de créativité.
 
Oui. Beaucoup de mes amis essayent aussi. Je connais beaucoup de graphistes, mais ilssont au chômage, ça craint. Ils font tous des stages. Du coup il y a trop de jeunes graphistes et artistes qui travaillent sans rémunération pour se faire un portfolio, mais ça ne les aide pas à trouver un travail salarié parce qu'il n'y en a pas.
 
Pourquoi ? Parce que les employeurs arrivent à trouver des gens qui sont d'accord de travailler pour rien. Je n'ai aucune idée comment résoudre ce problème. En fait, quand on y réfléchit c'est triste comme situation.
 
Pour réussir, vous avez réagi à votre situation d'une façon très adroite. Avez-vous fait une formation ou avez-vous tout appris en autodidacte ?
 
Je n'ai pas été formée, j'ai juste fait des stages. J'ai travaillé dur, je me suis servie de mon réseau et j'ai appris seule à faire du son. Personne ne le fera à votre place. C'est la seule façon de faire que je connaisse : je ne demande jamais de l'aide à personne, je vais juste de l'avant.
 
J'ai été indépendante très jeune, je n'ai jamais eu d'argent de poche et quand mes parents ont divorcé, ma mère au eu du mal à joindre les deux bouts, donc j'ai commencé à travailler à 14 ans. Quand on en veut, il faut s'en donner les moyens.
 
Que feriez-vous si vous ne pouviez plus gagner d'argent pour ce que vous faites ?
 
Eh bien, comme j'aurais quand même besoin d'argent, je pense que je continuerais le travail que je fais maintenant, mais pour moins d'heures, et à côté je travaillerais pour un bar. Mon travail m'apporte tant ! Par exemple, cet été je vais à un festival à Barcelone pour élargir notre réseau. En plus, pour toutes les fêtes je suis sur la liste d'invités.
 
Tout ça c'est super cool. Je ne suis pas sûre de vouloir toujours faire partie de ce milieu dans dix ans, peut-être que j'aurai envie de faire quelque chose de complètement différent. Mais pour l'instant, ça me convient vraiment. Mais si le groupe arrêtait, je quitterais les Pays-Bas. Avant, je rêvais de retourner au Mexique pour travailler comme DJ là-bas, mais pour l'instant j'aime trop mon groupe et ça m'empêche d'émigrer. Dès que ça sera fini, je partirai.
 
Si vous souhaitez interviewer un jeune, veuillez consulter ce guide et nous envoyer l'interview par courriel. Nous la publierons sur notre site.