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De la place Tahrir à la Puerta del Sol : ce qui unit les mouvements sociaux arabes et européens

Pictures

Photos : captures d’écran de « De retour sur la Place » et « La Place, la graine du mouvement d’occupation »

Par Sarah Anne Rennick
Traduction par Marie Rouzaut

En partenariat avec le Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH), Alternatives Européennes a organisé à Paris une table ronde sur les thèmes de la mobilisation politique et des mouvements sociaux en Egypte et en Europe. Sarah Anne Rennick, chercheuse travaillant sur la mobilisation sociale du « Printemps Arabe » et auteur de l’article à suivre, a participé à ces captivants échanges sur comment de nouvelles formes de mouvements sociaux ont émergé des deux côtés de la Méditerranée et sur comment accomplir les changements sociétaux. Autour de la table étaient également réunis Laura Enchemin (les Indignés), Hicham Ezzat (activiste de la révolution égyptienne), Shahinaz Abdel Salam (bloggeuse et cyberdissidente) et François Pradal (journaliste et membre de Egypte Solidarité).

Les deux dernières années ont vu jaillir une forte activité de protestation et naître de nouveaux mouvements sociaux dans le monde arabe et en Europe. Alors que ces mouvements paraissent concerner différentes luttes – citoyens Arabes combattant contre l’autoritarisme, citoyens Européens mobilisés contre l’austérité économique – on ne peut s’empêcher de signaler d’importantes similitudes entre eux. Le plus évident, peut-être, sont les caractéristiques communes aux mouvements arabes et européens. Le port fréquent du masque de Guy Fawkes ou la revendication de la dignité en sont quelques exemples. L’utilisation de tactiques de protestation similaires est encore plus frappante : des photos de campements érigés devant la Plaza del Sol à Madrid et sur la Place Tahrir au Caire démontrent que la prolifération de l’«occupation » est une stratégie commune à ces mouvements. De telles ressemblances ne sont pas de simples coïncidences. Bien au contraire, elles révèlent que le Printemps Arabe ne s’est pas propagé uniquement au Moyen Orient et au Nord de l’Afrique mais également en Europe. Le partage de ces dimensions symboliques prouve l’affinité que ressentent les protestataires arabes et européens, ainsi que la perception qu’a chacun de ces mouvements de faire partie d’une même lutte.

Bien que les cibles de protestation varient d’un pays à l’autre, l’objectif principal des mouvements du Printemps Arabe, et de ceux tels que les Indignés en Europe, est la justice sociale. Un sentiment d’injustice distinct – qu’il soit politique, socio-économique ou les deux – s’infiltre dans ces mouvements. Les différentes protestations ne demandent rien d’autre qu’un nouveau calibrage du contrat social : un changement profond dans les relations entre l’Etat et la société, basé sur l’augmentation de la participation et sur la redistribution, et vers une nouvelle vision des pratiques démocratiques.  Cette commune revendication pour la justice sociale et le combat contre l’oppression politique et/ou économique traduisent une même sensibilité entre les mouvements arabes et européens. Bien encore au-delà de leurs objectifs actuels, les mouvements dans le monde arabe et en Europe démontrent d’importantes ressemblances dans leur organisation. Ces mouvements, informels et souffrant d’un manque de hiérarchie clairement établie,  témoignent d’un système interne de prise de décision plutôt fluide et horizontal. De plus, beaucoup de ces mouvements n’ont pas émergé d’efforts d’activistes professionnels mais plutôt de ceux d’entrepreneurs du mouvement : des individuels peu expérimentés en politique qui ont agi grâce à des formes de participation innovantes et animés d’un sens aigu de l’injustice. Les mouvements du Printemps Arabe et leurs homologues en Europe n’ont donc pas seulement diversifié les formes de mouvements de protestation de masse mais aussi le profil des activistes. Leur contribution aux politiques participatives et la réinvention de la conscience politique sont en soi une réussite significative.