EUROPE, la liberté est aussi la participation

 

Article publié sur la version en ligne du quotidien Il Fatto Quotidiano, le 13 mai 2013

De Andrea Valdambrini
Traduction par Marie Maurin

On n'a même plus besoin des eurosceptiques pour le dire : l'Union Européenne n'est plus au goût du jour ? et il faut bien admettre que Bruxelles n'a jamais vraiment réussi à exploiter tout le potentiel dont elle disposait au départ, en jouant de ses charmes de démocratie supranationale.

A qui la faute ? Sans doute aux séquelles de la crise financière, au drainage des richesses des pays du sud de l'Europe vers l'Allemagne. La faute aussi aux politiques d'austérité et de rigueur qui ont coupé les ailes de l'économie des plus faibles et favorisé les mouvements anti-européens. Dans le meilleur des cas, l'Europe à présent récolte plus de critiques que de soutiens. Et puis il y a les cas extrêmes. Désormais au Royaume-Uni l'éventualité d'une sortie de l'Union est à l'ordre du jour, alors que même en Allemagne s'installent des doutes sur l'Euro et l'Europe. Et chez nous en Italie, pays fondateur, nous le savons : notre européisme se fissure aussi et peut-être pas à tort mais à raison.

Mais heureusement l'Europe ne se réduit ni à sa monnaie, ni à l'austérité, et encore moins ? espérons-le ? à cette bureaucratie qui depuis trop longtemps ternit son image aux yeux d'un demi-milliard de citoyens. C'est alors avec plaisir que l'on rencontre parfois des personnes travaillant à un projet de démocratie participative, d'initiative populaire, et visant à rendre aux citoyens ce qui tout simplement leur appartient: leurs droits et une justice sociale.

Le Manifeste Citoyen, tel est le nom du projet qui a été débattu il y a quelques jours, lors d'un séminaire qui s'est tenu à Londres. Autour de huit tables, chacune consacrée à un thème différent, les participants ont cherché à élaborer des propositions claires et construites.

En définitive, l'objectif était de discuter de problèmes concrets et d'en dégager des idées comme par exemple, sur les droits des migrants, sur un revenu de citoyenneté, sur comment rendre plus transparentes les institutions bruxelloises ainsi que sur les moyens d'augmenter la participation des citoyens à la vie politique européenne. Comment va-t-on procéder? Dans les prochains mois des rencontres similaires seront organisées dans plusieurs villes d'Europe ? une forme de consultation populaire ? et les thèmes soulevés lors de ces différentes rencontres composeront par la suite le véritable «Manifeste Citoyen », une plateforme qui sera présentée aux députés européens avant la fin de l'année.

Une participation réelle (et non une consultation en ligne pour une fois) et beaucoup de bonne volonté: cela sera-t-il suffisant? Difficile à savoir. En attendant, n'oublions pas que, même si on n'en parle pas beaucoup pour l'instant, dans un an exactement, nous voterons pour un nouveau parlement européen, qui aura un peu plus de pouvoir que celui d'aujourd'hui. Toujours en 2014, la nouvelle commission sera nommée ? soit le nouveau gouvernement de l'Union ? après deux mandats de José Manuel Barroso à compter parmi les responsables de la très mauvaise gestion du désastre économique paralysant presque tout le continent.

A présent que l'union bancaire est en cours et que les politiques fiscales tendent toujours vers une plus grande unification, il ne faudra pas compter seulement sur les gouvernements pour dire non à l'austérité. Nous aussi, citoyens, au-delà des protestations, nous devrons proposer. Proposer pourquoi pas pour montrer la direction et ouvrir la voie d'une Europe plus sociale, qui garantisse efficacement les droits fondamentaux. Puisque nous admettons tous que sur ce point rien n'est fait et tout reste à faire, je dirais qu'il est temps de se mettre au travail.