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En mouvement : migration, frontières et changement social

5999362096_02265f14bd_bPar Alina Muller
Traduction par Aliénor Daumalin

Cet article fait partie du Journal Transeuropa, publication officielle du Festival Transeuropa

Migrer suppose bien plus que le simple fait de changer d’espace géographique. À l’intérieur des frontières de l’Europe, les migrants sont de plus en plus mobilisés pour revendiquer leurs droits face à la discrimination et à la marginalisation socio-économique. Ces luttes engendrent de nouvelles formes de participation politique démocratique  et ont, dans certains cas, permis le renforcement de la législation anti-discrimination et des droits des travailleurs ainsi qu’une meilleure reconnaissance de la diversité culturelle.

De l’autre côté des frontières de l’Union Européenne, la violence des contrôles aux frontières révèle l’indifférence de chaque gouvernement européen vis-à-vis de la protection des droits de l’homme. C’est face à cette incapacité ou inaptitude des États nations à garantir et à protéger les droits de l’homme  que  des cadres législatifs et des procédures d’application alternatifs sont revendiqués pour opérer aux niveaux supranational et transnational.

Au niveau sociétal, la superposition, la construction et la décomposition des identités résultant du processus de traversée des frontières, ont transformé la démographie et les géographies urbaines à travers l’Europe et ont généré une nouvelle perception de l’individu. Les concepts de conscience métisse, d’identité hybride ou de multiculturalisme ont été créés pour tenter d’exprimer et comprendre ces changements qui façonnent visiblement l’environnement social et physique des villes européennes.

Dans ce contexte, la migration se définirait plutôt par les profondes transformations  sociales et politiques produites par les expériences qu’ont vécues les personnes qui traversent et contestent les frontières. Ces transformations ne marquent pas seulement de manière très forte la vie des hommes, femmes et enfants qui ont choisi de migrer ; mais elles ont également une influence significative sur les sociétés européennes.

En observant et en mettant au centre les multiples cas où les personnes, refusent la multitude de frontières et limites en Europe, nous voulons explorer le rôle que joue la migration dans la création de nouvelles formes de citoyenneté active et de changement social.

En vingt ans, le remaniement et la restructuration continuelle des frontières internes et externes à l’Europe, combinés à la prolifération des mécanismes de surveillance et d’expulsion, ont transformé le continent en un assemblage d’espaces délimités en constante évolution. Ces espaces délimités, au sens propre comme au sens figuré, agissent et affectent la condition des migrants à de nombreuses étapes du processus migratoire. Les postes de contrôle, les systèmes de surveillance avancée, les opérations militaires et les centres de rétention contrôlent tous l’accès des migrants à un territoire. Les systèmes de points, les politiques et les lois sur l’immigration régulent leur acceptation et donc leur représentation, au sens large, dans les sociétés européennes. Des hiérarchies culturelles et un modèle économique qui perpétue les inégalités déterminent véritablement leur accès au marché du travail et du logement comme à la vie publique et politique, renforçant ainsi le système d’acceptation sélective.

Ce sont les contacts quotidiens avec les frontières et les réactions qui s’ensuivent qui ont produit l’ensemble des transformations qui ont placé les migrants au cœur du changement politique et social. À petite échelle, ces transformations ont redéfini le fait de migrer, de travailler et de s’installer de l’autre côté de frontières nationales. À grande échelle, elles ont soulevé la question de la légitimité des frontières et ouvert le débat sur les notions de citoyenneté, d’identité et de cohésion sociale.

Le fait de migrer constitue par conséquent un élan pour le changement politique et social, produit par les efforts de groupes ou d’individus qui cherchent à éliminer les mécanismes de contrôle et d’expulsion. L’expérience des personnes qui traversent les frontières et leur lutte pour obtenir la justice et la reconnaissance nous indiquent clairement les domaines sur lesquels il nous faut travailler si nous voulons vivre dans une société basée sur la liberté et la participation démocratique. Cela nous montre également la nécessité et la possibilité de fonder une forme de subjectivité et de mobilisation politique au-delà des frontières de l’État nation.

Au travers de campagnes transnationales pour le libre accès aux centres de rétention et pour les droits des migrants ou encore de manifestations  et de représentations publiques qui attirent l’attention sur leurs luttes, le Festival Transeuropa participe au mouvement des migrants. L’Europe ne sera jamais exempte de toute frontière. Au mieux, il s’agit d’une aspiration,  d’un idéal. Mais c’est un idéal que nous poursuivons.