Alternatives réelles: pour un nouveau pacte social européen

Traduction : Sara Petrucci

Alternatives Européennes soutient la vague transnationale de manifestations réclamant non seulement un changement de direction radical dans la réponse de l’Europe à la crise financière, mais aussi la restauration du contrôle démocratique sur le processus décisionnel économique ; Alternatives Européennes avance ainsi 9 propositions concrètes.

Au cours de ces derniers mois, presque tous les pays européens ont subi une politique d’austérité, des coupes dans leur système de sécurité sociale,  ainsi qu’une tendance générale à faire payer – de manière disproportionnée – le coût de la crise économique et du sauvetage des banques aux parts les plus faibles de la société.

Les politiques d’austérité ne fonctionnent pas. Ce n’est ni un moyen démocratique, ni un moyen juste, ni un moyen efficace de sortir de la crise. En effet, les coupes dans le système d’aide sociale, les privatisations forcées et la réduction des coûts de la main-d’œuvre entrainent les pays européens dans un cercle vicieux  de production économique en recul et de déficits croissants,  tout en favorisant les intérêts économiques et financiers responsables du déclenchement initial de la crise.

L’idée selon laquelle les marchés sont capables de s’autoréguler a été démantelée par la crise, c’est pourquoi il revient à la politique de reprendre le contrôle sur l’économie. La survie de l’économie européenne nécessite que des décisions politiques soient prises de manière coordonnée. Actuellement, ces décisions sont prises sans aucune participation démocratique et donnent des résultats que les citoyens perçoivent comme complètement injustes. Les manifestations observées dernièrement sont l’expression de ce sentiment commun d’injustice.

Le pacte social européen, basé sur une économie sociale de marché redistributive, a été suspendu et est maintenant en train d’être réécrit par les élites économiques et leurs faibles porte-paroles politiques. Les manifestations qui se répandent au niveau international peuvent être perçues comme une prise de conscience quant au moment constituant déclenché par la crise, et comme un refus démocratique à l’encontre de la signature d’un nouveau pacte sans que les citoyens ne soient consultés.

Les propositions avancées par les chefs d’Etat pour sortir de la crise risquent non seulement de s’avérer inefficaces, mais aussi de reléguer un grand nombre de citoyens à un avenir sans espoir et sans bien-être économique et social. Si les pays les plus pauvres économiquement sont placés sous la tutelle des pays les plus riches, il existe un risque qu’une citoyenneté à deux vitesses fasse son apparition – dans ce cas de figure, les citoyens des pays riches auront plus d’influence sur le futur de l’Europe que ceux des pays pauvres. Ceci n’est ni une réelle démocratie, ni une réelle égalité.

Alternatives Européennes refuse la fausse logique de tous ceux qui affirment qu’il n’existe aucune autre alternative sérieuse. En effet, des alternatives pour relancer le pacte social européen existent bel et bien et sont exprimées très clairement. Celles-ci comprennent à la fois des propositions visant à augmenter les recettes et des propositions visant les dépenses.

Il s’agit de propositions telles que:

1. Anticiper à 2012 la mise en place d’une taxe sur les transactions financières à l’échelle de l’UE.
2. Mettre en place une taxe sur le carbone à l’échelle de l’UE.
3. Lancer un processus de transition de la dette publique de la zone euro vers des euro-obligations garanties de manière conjointe.
4. Emettre des obligations soutenues par l’UE pour financer l’investissement dans les énergies renouvelables et dans la mobilité urbaine durable.
5. Réduire les inégalités de revenus pour tous les Etats membres de l’UE et demander des mesures structurelles pour une redistribution de la richesse.
6. Etablir un revenu de base européen.
7. Garantir le droit d’accéder aux biens communs, parmi lesquels l’éducation, la santé, les services de base, le logement.
8. Changer le mandat de la BCE pour y inclure le contrôle des niveaux de chômage, ainsi que le droit d’imprimer de l’argent et d’acheter des obligations directement des trésors publics à des taux d’intérêt bas.
9. Développer un pacte de croissance et de stabilité renouvelé qui soit élaboré avec la participation citoyenne et parlementaire directement au niveau européen.

La dégradation continue de la cohésion sociale dans les pays européens peut être endiguée avec des politiques économiques justes et raisonnables. Si ces efforts se soldent par un échec, cela justifiera une radicalisation du conflit social et offrira un nouveau souffle à des demandes davantage radicales.

De la même manière, l’incapacité de restructurer le pacte social européen  mènera à la réémergence des nationalismes et racismes, dont les signes se sont déjà manifestés à travers une montée des partis d’extrême droite et xénophobes dans la plupart des pays européens.

La reprise du contrôle public sur l’économie requiert la construction d’un espace démocratique européen capable de prendre des initiatives et d’être directement responsable devant les citoyens. Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que la seule chance pour les citoyens européens de reprendre le contrôle démocratique sur leurs sociétés est de se lancer dans une union politique et économique complète, mettant ainsi fin à la soumission totale des Etats à la thérapie de choc des marchés financiers.

Ensemble avec les mouvements sociaux, la société civile et les citoyens européens et au-delà, Alternatives Européenne accepte de relever le défi de la mobilisation permanente et s’engage à consacrer son temps et ses ressources pour se battre en faveur d’une démocratie et d’une égalité réelles pour toute l’Europe.