Résultats intermédiaires de la consultation sur les droits des LGBT à Cluj

Résultats intermédiaires de la consultation sur les droits des LGBT à Cluj

traduction par Elisa Sance

Discrimination sur le lieu de travail
Modératrice : Angela Anton

Débat :

Le début du débat s'est trouvé polarisé autour de 2 perspectives très différentes, toutes deux émanant de représentants de la communauté LGBT. La première était centrée sur la législation existante qui prévient toute pratique discriminatoire relative à l'orientation sexuelle d'un employé, tandis que la seconde faisait état d'exemples concrets de personnes qui ont été licenciées parce qu'elles sont L, G, B ou T.

Nous avons compris que dans les secteurs d'activités tels que la finance, la comptabilité, le management et le tourisme il n'y a pas de discrimination, où si elle intervient, c'est de façon bien moins préjudiciable pour l'employé que dans d'autres secteurs comme celui de la production ou dans les petites entreprises.

Le manque de confiance dans le système judiciaire roumain ne fait que compliquer une situation  déjà très délicate.

Conclusions :

  • Mise en place de cours contre les discriminations pour les employeurs ; employés et employeurs doivent suivre avec une grande régularité des cours sur l’extinction d'incendies et la sécurité sur le lieu de travail ; pourquoi ne devraient-ils pas suivre également des cours anti-discrimination dans ce cas ? Si ils ont lieu  2, 5 ou 10 fois, le discours sera intégré et on passera du discours (tourné en dérision la première fois) à la pratique.
  • Une législation stricte au niveau des entreprises visant à combattre la discrimination et à imposer des sanctions si besoin est.
  • Des campagnes pour donner des outils pour l’action aux employés LGBT, par exemple par le biais d’objets ou de posters.

Reconnaissance mutuelle
Modératrice : Diana Prisacariu

Débat :

D’abord envisagé comme une histoire de volonté ou de mentalités, de différences Est/Ouest sur le sujet en Europe, le débat a évolué, plaçant au centre de la résolution du problème la relation entre les communautés locales LGBT, soutenues par des associations, des intellectuels et des personnalités publiques, et les organisations et personnes concernées basées à Bruxelles.

Mettre à la disposition du public roumain les bonnes pratiques des autres pays serait un moyen efficace pour parvenir à une reconnaissance mutuelle.

Un point de désaccord central a porté sur l’importance principale ou secondaire à porter aux conséquences négatives de la discrimination dans l’action des partisans des droits des LGBT. La principale conclusion a été que notre lutte devait être pacifique et tournée vers le positif plutôt que basée sur des sanctions envers ceux qui discriminent.

Solutions :

  • Des alliances internes entre la population LGBT, les ONG, les intellectuels engagés et les personnalités publiques désireuses de présenter la situation de la communauté LGBT roumaine d’une façon positive et avertie.
  • Des campagnes sous forme de plaidoyer (positif) concentrées sur la démonstration de la façon dont les pays largement perçus comme des modèles à suivre par la Roumanie (ex : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, les pays Scandinaves) traitent leurs communautés LGBT.
  • Les LGBT devraient comprendre qu’il est crucial d’être à la fois un bon citoyen et un bon employé, et non pas uniquement un défenseur des droits des LGBT ; c’est le meilleur moyen de remporter véritablement le respect et la confiance de la majorité hétérosexuelle. En d’autres termes, les droits ne peuvent devenir actifs que s’ils sont en lien avec des responsabilités.
  • Utiliser des soutiens internationaux,  par exemple des ambassades et fondations internationales, pour financer et donner une plus grande visibilité aux évènements LGBT. C’est un moyen diplomatique et non agressif de parvenir à d’importants résultats car cela transmet d’importants messages en direction des décideurs et majoritaires.

Représentation médiatique de la population LGBT
Modérateur : Lucian Dunareanu

Débat :

Par des exemples concrets et des questions adressées directement aux participants, le modérateur a montré combien les média sont capables de désinformer. La raison principale pour laquelle la réalité n’est pas toujours présentée est que les lecteurs sont attirés précisément par les  scandales.

En conséquence, les informations relatives aux minorités (quelles qu’elles soient) transmises au public – le sont non seulement en très faible quantité mais aussi d’un point de vue négatif. Cette situation est accentuée en Roumanie du fait que, selon l’un des participants, certains média très important sont aux mains des néo-conservateurs.

La répugnance et le rejet sont le résultat de l’ignorance et, en conséquence, tout le monde est d’accord sur la nécessité qu’il y a de combattre l’ignorance de plusieurs façons :

Solutions :

  • Ne restez pas silencieux ! Protestez chaque fois qu’une information est incorrecte ou  discriminatoire.
  • Recherchez des personnes importantes désireuses de promouvoir des évènements relatifs aux LGBT, comme le festival international des films gay ! C’est vraiment utile pour obtenir une bonne médiatisation (qui soit aussi durable).
  • Organisez des évènements gratuits de façon à toucher un public qui, sans cela, n’aurait probablement pas été intéressé !
  • La population LGBT devrait avoir suffisamment confiance en soi pour s’autoriser à être plus visible en ville !
  • Etant donné la réticence des média traditionnels à nous soutenir, utilisons au maximum les nouveaux média pour promouvoir notre cause !
  • Utiliser les arts alternatifs, comme le théâtre et les expositions, pour parler de nous !
  • Utiliser l'espace que les chaînes de télévision doivent dédier à la diffusion de spots à visée sociale pour nos campagnes !
  • Ne pas avoir peur de payer pour la publication d'articles positifs, si cela est possible et légal !

Violence à l'encontre de la population LGBT
Modérateur : Daniel Peslari

Débat :

La violence en Roumanie est presque routinière ; elle est tacitement soutenue par les institutions qui devraient essayer de l'enrayer, comme l'église. Les femmes et les enfants en sont ses principales victimes. La situation s'aggrave, c’est pourquoi la question des violences envers les LGBT semble presque périphérique.

D'après plusieurs participants, les minorités sont en général perçues comme des intrus, c’est le cas par exemple de la population allemande de Sibiu (une ville au sud de la Transylvanie) à laquelle ses propriétés ont été rendues après qu’elle ait été forcée de les laisser au profit de l'Etat en 1948 . L'actuelle population roumaine majoritaire les considère comme des étrangers, alors qu'ils continuent à jouer un rôle majeur dans le développement économique et culturel de la communauté (voir Sibiu capitale européenne de la culture 2007)

La question de la violence dirigée contre la population LGBT devient vraiment compliquée lorsque la corruption, les procédures médicales, la législation complexe, le faible niveau de confiance en soi et la bureaucratie font partie intégrante de l'équation.

Solutions :

  • La création d'une législation très sévère et sa mise en application via des procédures au niveau européen et national
  • L'affiliation à des réseaux locaux LGBT, de façon à se sentir membre à part entière d’une communauté (ex support psychologique) et, si besoin, de prouver que vous êtes victime de violences spécialement dirigées contre les LGBT et non d'une violence ordinaire.