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Élections législatives françaises : Il faut re-former nos démocraties 

Depuis plusieurs années, la montée des idéologies d’extrême droite en Europe et au-delà inquiètent. À juste titre. Les récentes élections européennes et françaises continuent d’augmenter les risques de confiscation des institutions démocratiques au profit de projets anti-libéraux et anti-démocratiques. 

La montée des extrêmes-droites au Parlement Européen, et donc le renforcement de ces mouvements dont le financement est accru en conséquence, était attendue. Au niveau européen, elle est encore contenue – mais pour longtemps ? 

Mais en 2024, les élections européennes ont eu un impact en France, qui, lui, n’avait pas été anticipé. 

Pour nombre d’Européens, et nombre de personnes qui résident en France, y ont des intérêts ou s’y intéressent, les dernières semaines ont été marquées par l’anxiété : celle de voir l’un des plus grands pays européens en terme de population, être, à son tour, dirigé par un gouvernement d’extrême-droite, dont les valeurs et les méthodes sont contraires à celles de la construction européenne. 

La campagne électorale française a instrumentalisé l’image des extrêmes pour tenter de « sauver » un centre. Elle a mis dos à dos, de manière abusive, et sur le même niveau, le Rassemblement National avec une coalition des forces de gauche alliant socialistes, verts, LFI et le NPA. En comparant une force anti-libérale, anti-démocratique, raciste and anti-genre, issue directement du fascisme, telle que le Rassemblement National, avec le parti de gauche La France Insoumise – à propos duquel une institution telle que le Conseil d’Etat, gardien de la République, a réfuté le terme d’extrême-gauche, cette campagne éclair a participé à un mouvement déjà bien engagé, qui a fait du RN une alternative attractive et justifiable pour nombre d’électeurs français, et pour ses très riches soutiens. 

Les résultats du premier tour des élections législatives anticipées du 30 juin 2024 ne sont pas de nature à rassurer. Du fait du mode de scrutin, même avec seulement 33% des suffrages exprimés, le Rassemblement National disposera d’une majorité à l’Assemblée Nationale, qu’elle soit relative ou absolue. 

Le prochain gouvernement français sera-t-il mené par le Rassemblement National ? Sera-t-il anti-européen, illibéral et raciste ? Et ce à trois ans des élections présidentielles françaises (si le calendrier électoral n’est pas, à nouveau, remis en question)? 

Que pouvons nous faire, chacun.e.s à notre échelle?

Laisser la porte ouverte au Rassemblement National n’est pas une alternative libre de graves conséquences immédiates, et de long terme, pour la France et l’Europe, économiquement, politiquement, socialement. Sous couvert de défense des plus pauvres et de ceux qui prennent de front les politiques libérales de démantèlement de l’État- providence, le Rassemblement National défend un projet sociétal raciste, anti-droits des femmes (en opposant les femmes blanches aux autres), et soumis au grand capital et à l’ingérence étrangère anti-démocratique (les liens financiers et idéologiques du RN avec la Russie ont été largement documentés).

Une fois au pouvoir, les partis ultra-conservateurs et fascistes, même sous couvert de respectabilité, ont mis en œuvre des politiques nuisant aux plus vulnérables : aux femmes, restreignant les possibilités d’accès à l’avortement (Pologne, Italie) et multipliant les encouragements à un retour à la maison et à la procréation, les droits des personnes LGBTQI+, comme celui de voir leur parentalité reconnue (Italie), et, bien sûr, porté une idéologie raciste et attaqué les migrants, et toute personne ayant des liens avec d’autres pays, (comme le prouve la polémique actuelle sur les bi-nationaux en France). 

Pour Alternatives Européennes, l’urgence est bien sûr de limiter l’accès au pouvoir du Rassemblement National. Pas une voix de plus au RN, et toutes les voix possibles contre le RN, devrait être le slogan de tous et toutes pour la prochaine semaine. 

Mais que faire au lendemain du 7 juillet ? 

Que la majorité du RN soit relative ou absolue, la France sera difficile à gouverner. La crise politique est réelle et elle est celle d’une démocratie qui ne peut agir là où le besoin est le plus pressant. 

Les démocraties nationales européennes ne peuvent pas – dans le système actuel – redistribuer suffisamment aux plus vulnérables, ni même au plus grand nombre. La concentration de la richesse dans les mains d’un petit nombre a crû de manière exponentielle dans les dernières décennies. Les démocraties nationales actuelles se doivent de servir les intérêts du capital, même quand la majorité de la population s’y oppose, comme le démontre le cas de la réforme des retraites en France, présentée comme la seule alternative possible pour préserver l’attractivité économique de la France. Les idées et éléments de langage de l’extrême-droite ont été largement repris par des formations politiques plus centristes, notamment sur l’immigration.

Agir: rester sur nos gardes, contrer, reporter, dénoncer, esquiver les attaques

En tant que citoyen.nes, il nous faudra œuvrer contre les forces fascistes à tous les niveaux possibles : chaque loi, chaque directive, chaque action administrative rétrograde doit être remise en cause autant que possible, en France et en Europe. 

S’allier au niveau transnational

En tant qu’européen.nes, il faut continuer à construire le front progressiste au niveau européen et au-delà. Lutter contre la progressive victoire des forces néo-conservatrices ne pourra être réalisée au niveau national. Leur alliance est transnationale, et bien financée. Cela ne pourra être fait qu’avec de fortes alliances des forces progressistes et démocrates, au niveau national et au niveau international. Certains pays précèdent la France dans l’expérience des gouvernements d’extrême-droite, fascistes ou néo-conservateurs. L’expérience des miliant.es polonais.es, des hongrois.es, des italien.nes, des slovaques, des serbes doitt être entendue, écoutée, utilisé.e pour mieux agir et se prémunir. Il faut pouvoir débusquer, démasquer, démontrer les attaques constantes contre les droits humains et les droits sociaux orchestrés par ces gouvernements, leurs modes d’action, leurs financements. 

Au niveau transnational, la réponse des institutions européennes aux régimes ultra-conservateurs et fascistes n’a pas été à la hauteur. Il faut agir plus vite et mieux. Les démocrates des institutions européennes, Parlement, Commission et Conseil, pourraient agir fermement dans le sens de la lutte contre la corruption, pour le respect de la loi, la protection des minorités et la lutte contre les discours de haine.

Alternatives Européennes continuera à créer des liens et des ponts avec tous.tes celles et ceux, dans leurs divers mandats et positions, perçoivent la démocratie, la connexion avec les citoyen.nes, les résident.es et les forces démocratiques européennes comme un des éléments fondateurs d’une Europe pacifique et sociale.

Les européen.nes, et les français.es parmi eux, ont droit à une autre alternative que celle offerte par le Rassemblement National et les mouvements d’Extrême-droite, qui partout en Europe s’ancrent et se déploient.

Le chemin semble de plus en plus long et plein d’embûches, mais il est de notre ressort et de notre devoir de travailler ensemble à construire la démocratie aujourd’hui et demain. Il faut construire les alternatives démocratiques qui permettront d’éviter que le pouvoir et les richesses connaissent la concentration actuelle, et qui permettront de créer de vrais systèmes dans lesquels les citoyen.nes les plus vulnérables, les plus exploités par le système, n’aient à se reporter sur des forces anti-démocratiques pour avoir une chance de se faire entendre.