Aug 6, 2012
No control, no borders (deuxième partie)
Par Petya Borisova
Traduction : Aliénor Daumalin
Photo : Evzenia Afanasyeva
Vidéos : Loïc Adrien
Le festival Transeuropa propose des approches et formats innovants pour créer des espaces culturels et politiques communs qui dépassent les stéréotypes et les frontières nationales. Découvrez en détail les évènements qui se sont déroulés du 9 au 13 mai à Paris!
Deuxième partie
Jeudi 10 Mai, la principale thématique de la journée était celle des migrations et des droits des migrants clandestins. En partenariat avec les Jeudis du FIFDH de Paris, la projection du récit documentaire “Comme un homme sur la terre”, au cinéma le Nouveau Latina, a donné suite à une discussion au cours de laquelle Laure Blondel de Migreurop et la journaliste Flore Murard-Yovanovich ont présenté la campagne Open access now. L’objectif de cette initiative est d’obtenir, pour les journalistes et les membres d’associations, le droit d’accès aux centres de rétention d’immigrés. Ces deux journalistes ont parlé du manque de transparence et des obstacles aux activités prévues dans le cadre de la campagne, comme lors des visites de journalistes à des immigrés enfermés dans ces centres, et ce malgré le droit inaliénable à l’information accordé aux citoyens européens.
Vendredi 11 Mai, la troisième journée était dédiée aux nouvelles formes de mobilisation politique. Malheureusement, l’intervenant Bassem Samir, Directeur de l’ONG Egyptian Democratic Academy initialement invité, n’a pas été autorisé à quitter son pays. Le débat a néanmoins eu lieu avec la participation d’Imad Houssari, membre du Conseil national syrien, et de la journaliste Jade Lingaard. Ils ont discuté du Printemps arabe et de la façon dont il a inspiré les mouvements de protestation à l’Ouest. Pour Jade Lindgaard, même si la situation et la cause des problèmes de ces sociétés divergent, les mouvements au Moyen-Orient et dans les pays de l’Ouest ont de nombreux points communs. « Ils ont transformé le modèle traditionnel des révolutions et la multitude urbaine est devenue l’acteur principal de la révolution. »
Le clou de cette fête multiculturelle et transnationale était fixé au Samedi 12 Mai au Centre FGO Barbara. De nombreux ateliers, courts-métrages et improvisations théâtrales dédiés aux stéréotypes culturels et nationaux ont été proposés au public. Beaucoup ont été séduits par le concept de « bibliothèque vivante » : des personnes d’origines et de milieux différents incarnaient des livres et racontaient leur histoire aux « lecteurs » intéressés. Comme l’a expliqué la « bibliothécaire » Sophie Lavigne, « le but est de dépasser les stéréotypes que nous portons tous en nous ».
La journée s’est terminée bien après minuit avec un concert de Zamua, Jessica Fitoussi et MmMmM. La musique fabuleuse et le flot ininterrompu d’invités ont attiré beaucoup de gens qui se trouvaient par hasard dans le quartier.
La question de la crise économique et des mesures d’austérité a été abordée le dernier jour, Dimanche 13 Mai, autour de tables rondes organisées au Lavoir Moderne Parisien. Les intervenants Pascal Franchet, vice-président du CADTM France, et Antonella Corsani, des Économistes Atterrés, ont discuté des différents facteurs expliquant la situation économique actuelle et leur impact sur la société, des cas de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie et de la France et enfin des moyens de raviver les démocraties européennes. Il a notamment été conclu que la crise et l’accumulation des dettes sont le résultat de la forme de la représentation démocratique aujourd’hui et du cercle vicieux de la consommation dans lequel nous sommes pris.
La journée a fini avec un atelier sur les alternatives au système économique actuel. Les participants ont pu évoquer avec des activistes français et étrangers des questions concernant la ville en transition, la nécessité d’un revenu de base garanti, le système d’échanges locaux et enfin les mouvements transnationaux de lutte contre la précarité en Europe. Le dernier échange a prouvé que les idées ne manquaient pas en France et en Europe de nos jours, cependant celles-ci sont encore loin d’avoir conquis le courant dominant.
Le festival Transeuropa a permis de créer un pont entre la situation actuelle en Europe et celle du Moyen-Orient et de réunir des personnes venant d’horizons différents. L’événement a mis en place une plateforme de discussion où beaucoup d’idées intéressantes ont été développées. Les initiatives présentées ont montré que si l’Europe avait beaucoup à donner, elle avait aussi beaucoup à apprendre. Avec quatorze villes participantes cette année, les organisateurs espèrent qu’il y en aura encore plus l’an prochain, et particulièrement dans les pays arabes.