Feb 6, 2012
Etudiants européens, unissez-vous!
Article par Federico Guerrieri
Traduit par Sara Petrucci
Près d'un an après l’augmentation des droits d’inscription à l’université imposée par le gouvernement de coalition mené par David Cameron, les étudiants britanniques redescendent dans les rues de Londres pour faire entendre leurs voix.
La manifestation du 9 novembre a obtenu le soutien de l’Union nationale des étudiants, qui représente non seulement plus de 7 millions d’étudiants mais qui bénéficie aussi du soutien de diverses institutions académiques du Royaume-Uni, parmi lesquelles des universités traditionnellement conservatrices telles que Oxford et Cambridge.
En effet, en novembre dernier, le gouvernement conservateur a décidé de tripler les frais d’inscription à l’université qui passeront donc de 3000 à 9000 livres sterling en septembre 2012. Au sein d’une société dans laquelle les écarts entre riches et pauvres sont les plus importants d’Europe, de telles mesures rendront les universités inaccessibles aux jeunes issus de familles moins favorisées et accessibles uniquement aux jeunes dont les familles font partie de l’élite.
Les exigences des organisations d’étudiants sont évidentes et justes: bloquer l’augmentation prévue des frais d’inscription tout en augmentant le nombre de bourses d’études disponibles pour les étudiants les plus méritants ainsi que pour les étudiants socialement défavorisés. La difficulté sera de maintenir ce mouvement, qui l’année dernière a réussi à faire entendre ses revendications seulement lors de deux manifestations organisées dans les rues de Londres avant d’être absorbé par le tumulte du consumérisme londonien.
En décembre 2010, les manifestations avaient provoqué le chaos dans la ville. Tout le monde se souvient de la pierre jetée sur la voiture dans laquelle se trouvaient le Prince Charles et Camilla. C’est après cet épisode que la police anglaise s’est fait connaître pour ses méthodes et pratiques brutales à l’encontre des manifestants.
De plus, le fait que Scotland Yard ait autorisé le recours aux balles en caoutchouc pour la manifestation du 9 novembre est davantage inquiétant, ces balles pouvant être tirées par les policiers en cas de chaos complet. Il est d’autant plus déplorable que l’annonce de cette mesure ait été amplement diffusée dans le but évident d’instiller la peur parmi les manifestants, ce qui va à l’encontre du droit sacré à la manifestation.
Eloigner les jeunes des familles moins favorisées de l’accès à l’université pourrait provoquer l’effondrement de l’ensemble de la société anglaise, comme l’ont démontré les émeutes qui ont dévasté la nation entière l’été dernier. Le néo-conservatisme de la plupart des leaders européens actuels, parmi lesquels Cameron et Sarkozy, vise non seulement à éliminer ce qu’il reste de l’Etat-providence mais également les droits fondamentaux gagnés par les citoyens après des années de lutte, en plus de chercher à détruire l’esprit critique des leurs propres citoyens.
Les étudiants européens devraient s’unir dans la lutte pour la revendication de leurs droits. S’il est vrai que chaque nation connaît une situation qui lui est propre, il n’en demeure pas moins que l’objectif ultime de ces manifestations devrait être la garantie d’une éducation gratuite et accessible à tous, indépendamment des conditions sociales de chacun. Un mouvement étudiant européen marquerait le début de la libération pour une génération qui ne peut accepter le modèle de société actuel imposé par une élite de dirigeants; un modèle qui enrichit 1% de la population en exploitant le reste de celle-ci; un modèle contre lequel nous avons tous l’obligation de nous rebeller. Non pas en mettant la ville à feu et à sang, mais en proposant des modèles, des solutions et surtout des alternatives.